Institut National du Cancer et la La cigarette électronique

logo institut national cancerCet article a été publié sur le site internet de l’Institut National du Cancer

L’Institut National du Cancer a été créé par la loi de santé publique du 9 août 2004, dans le cadre du Plan cancer, pour pérenniser une politique nationale coordonnée de lutte contre le cancer. Placé sous la tutelle des ministères chargés de la santé et de la recherche, il fédère l’ensemble des acteurs de la lutte contre le cancer en France.

Cigarettes électroniques et Risques pour la santé (01/10/2008)

Questions Réponses

Les cigarettes électroniques sont présentées comme des aides au sevrage tabagique. Elles suscitent depuis peu un intérêt grandissant en France pour des fumeurs espérant trouver une solution de substitution non toxique à la cigarette. L’Agence Française de Sécurité Sanitaires des Produits de Santé, saisie par la Direction Générale de la Santé, n’a pas octroyé l’Autorisation de mise sur le marché, estimant que ce type de produit ne répond pas à la définition du médicament1.

La cigarette électronique : qu’est-ce que c’est ?

La cigarette électronique, qui ressemble à une cigarette, a la forme d’un petit cylindre généralement fabriqué en acier inoxydable. Elle est composée d’une batterie rechargeable, d’un microprocesseur, d’un pulvérisateur et d’une cartouche destinée à être vaporisée. Cette cartouche contient un liquide constitué de propylène glycol, des arômes incluant des dérivés terpéniques2 (menthol, linalol) et de la nicotine (optionnelle). Il existe 4 types de cartouches adaptables, allant d’un dosage fort vers un dosage sans nicotine (16mg, 11mg, 6mg et 0mg). Une nouvelle cartouche doit être insérée après 300-350 bouffées (équivalent de 30 cigarettes).
Il existe également des cigares électroniques, des pipes électroniques et des mini-cigarettes électroniques.

Comment cela fonctionne-t-il ?

Sans l’allumer, l’utilisateur aspire comme il le ferait avec une vraie cigarette, le microprocesseur active alors un atomiseur qui mélange le liquide avec l’air inspiré. Ce mélange est propulsé sous forme de vapeur et est inhalé par l’utilisateur. L’évaporation du glycol donne l’impression de la véritable fumée produite par une cigarette. Une diode lumineuse située à l’extrémité simule une fausse combustion.
Après l’aspiration, la cigarette électronique produit un aérosol de vapeur d’eau comprenant de la nicotine et du propylène glycol, qui est inhalé. La dose absorbée par bouffée dépend du volume et de la profondeur de l’inhalation.

Quelle est la différence entre la nicotine présente dans les cigarettes électroniques et celle présente dans les gommes nicotiniques ?

Lors de la consommation d’une cigarette, la nicotine atteint le cerveau en 10 à 20 secondes et le pic plasmatique est atteint dès la fin de la cigarette. La nicotine présente dans les gommes atteint le cerveau après environ 30 minutes et se maintient pendant au moins 2 heures avant de décroître progressivement3 du fait d’une absorption plus lente.

Est-ce que le propylène glycol est un produit toxique ?

Le propylène glycol est un produit utilisé principalement comme additif alimentaire considéré généralement comme non toxique. C’est également un composant de fluides hydrauliques, de liquides de freins et d’antigel.
Il ne se révèle toxique qu’à dose élevée. Plusieurs études ont montré que le propylène glycol n’est pas cancérogène chez le rat et la souris en administration orale, cutanée ou sous-cutanée.
Cependant le propylène glycol, réputé peu toxique suite à son emploi dans des médicaments, des aliments et des produits cosmétiques, n’a jamais été testé par inhalation.

Quels sont les autres composants chimiques que l’on retrouve dans une cartouche ?

D’après une étude néo-zélandaise de janvier 20085, une cartouche contient entre 80 et 90% de propylène glycol, 4% d’eau, 5%de l’alcool, 0.6% sont des arômes et la dose de nicotine varie entre 1.6 (unité ?) et 0%.
Parmi ces arômes on trouve du 4-Hydroxy-2.5dimethyl-3(2H)-furanone et de l’acetyl pyrazine. Le 4-Hydroxy-2.5 dimethyl-3(2h)-furanone est un agent que l’on retrouve dans certains fruits, avec un goût caramélisé et qui est très souvent utilisé pour le chocolat, le café, le beurre. La consommation alimentaire journalière par personne est estimée à 5 300 µg en Europe. Le comité d’experts du FAO/OMS conclut dans son rapport6 : « qu’aucun des agents aromatisants du groupe des tétrahydrofuranne et dérivés du furanone ne présente des risques sanitaires à consommation alimentaire moyenne estimée».
L’acetyl-pyrazine est un arôme que l’on retrouve dans le bœuf, le café, le pop corn et les graines de sésame, etc. La consommation journalière par personne est estimée à 14µg en Europe.
Toutefois ces arômes n’ont pas été testés par inhalation.

Trouve-t-on des substances cancérogènes ?

Bien qu’à très faible dose, on retrouve dans une cartouche liquide moins de 1 ppm (partie par million) de métaux lourds (Arsenic, Antimoine, Nickel, etc.) qui sont des cancérogènes avérés de groupe 1 d’après le CIRC. On retrouve également 8ng de Nitrosamines dans une cartouche de 16 mg de nicotine, à l’identique de ce que l’on retrouve dans les gommes nicorettes®7.

Quels sont les recommandations officielles ?

L’OMS vient de publier dans un communiqué de presse8 du 19 septembre 2008 qu’à sa connaissance, « aucune étude rigoureuse avalisée par des spécialistes n’a été effectuée démontrant que la cigarette électronique est une thérapie sûre et efficace de remplacement de la nicotine. »
L’OMS encourage la réalisation d’études cliniques et d’analyses de toxicité qui doit s’effectuer dans un cadre réglementaire.
A ce stade, l’Afsspas et la DGS recommandent la plus grande prudence aux utilisateurs, et notamment chez les femmes qui allaitent en raison de la toxicité de certaines substances et de l’absence de données relatives à leur passage dans le lait maternel.

 

Notes :
1. Afssaps : Point d’information sur les cigarettes électroniques, communiqué de presse, le 07 juillet 2008,
2. Les terpènes sont une classe d’hydrocarbures par de nombreuses plantes. Ce sont des composants majeurs de la résine et de l’essence de térébenthine à partir de résine
3. F. Lebargy : Biologie de la nicotine, dans l’ouvrage collectif sur le tabagisme 3eme édition, éd. Masson, p54-55, 2004
4. INRS, Propylèneglycol, fiche toxicologie n°226,
5. Laugesen Murray, Interim Safety Report on the Ruyan® e-cigarette, Health New Zealand Ltd, 18 janvier 2008,
6. Who Technical Report series 928: Evaluation of Certain Food Additives, geneve, 8-17 juin 2004.
7. Laugesen Murray, Interim Safety Report on the Ruyan® e-cigarette, Health New Zealand Ltd, 18 janvier 2008,
8. OMS : Les cigarettes électroniques n’ont pas d’effets thérapeutiques démontrés, Communiqué de presse du 19/09/2008, Genève.