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Les promesses de l’AFSSAPS restent sans lendemain
Il y a des jours où l’on est en un colère. Personnellement cela m’arrive tous les trois ou quatre ans, pas plus.
Et bien cela doit faire 4 ans, car aujourd’hui je suis un peu en colère.
Pourquoi aujourd’hui ? Tout simplement parce que je me suis rendu compte que cela fait plus d’un an (c’était exactement le le 7 juillet 2008) que l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) nous gratifiait d’un « point d’information » sur les cigarettes électroniques et que depuis pas un mot. On pouvait alors lire : « saisie par la Direction générale de la santé, l’Afssaps a examiné les conditions de mise sur le marché des cigarettes électroniques et effectué une première analyse des risques potentiels. Elle conduira une évaluation approfondie, avec le concours d’experts toxicologues. »
Déjà l’on pouvait s’étonner qu’aucune indication ne soit donnée sur « une première analyse des risques potentiels » que l’Afssaps affirmait avoir effectuée. Mais passons, puisque on nous annonçait quand même une »évaluation approfondie ».
A la lumière de ce communiqué sur la cigarette électronique, le lendemain RTL lui consacrait un sujet dans ses journaux radiodiffusés en interrogeant notamment Mme Anne Gastaud alors « responsable du service de l’évaluation des médicaments à l’Afssaps » selon l’article de RTL (l’article de RTL a été retiré probablement en raison de son ancienneté , l’extrait audio, lui, existe toujours). A noter au passage que l’Afssaps confiait ce dossier au responsable de « l’évaluation des médicaments » que l’on peut raisonnablement estimer comme étant très proche des laboratoires pharmaceutiques, ce qui est tout à fait logique s’agissant de médicaments, mais la cigarette électronique serait-elle un médicament?
La transcription de cet entretien donne exactement ceci (hors ponctuation) :
Mme Anne Gastaud:Effectivement on peut comprendre l’intérêt de ces cigarettes électroniques, mais nous ne savons pas exactement ce qu’elles contiennent, nous ne savons pas les quantités de substances chimiques. Dans la mesure où ces cigarettes électroniques se vendent essentiellement, bien sûr, sur internet, nous n’avons jamais eu la possibilité d’évaluer les dossiers (1). Je vous rappelle qu’il s’agit d’inhalation ce qui expose particulièrement le poumon à des effets irritants et allergiques, alors bien évidemment tout dépend de la dose et de la profondeur de l’inhalation. Mais enfin, il me semble que c’est de notre responsabilité que de mettre en garde, nous avons besoin d’examiner et d’évaluer ces dossier et dans l’attente donc: attention (2).
Question: Il vous faudra combien de temps pour évaluer ces dossiers et dire si c’est dangereux ou pas?
Mme Anne Gastaud: Ecoutez j’espère que nous pourrons quand même avoir une première idée peut être avant la fin de l’année ( ndlr:2008) (3) et de toutes façons s’il y avait la moindre préoccupation nous le ferions savoir (4).——– ———
Remarques de l’auteur:
(1) Dans la mesure où ces cigarettes électroniques se vendent essentiellement, bien sûr, sur internet, nous n’avons jamais eu la possibilité d’évaluer les dossiers.
– Les bras m’en tombent ? L’Afssaps riche de nos impôts serait-elle dans l’incapacité de prélever sur son budget, allez disons 500 € , pour acheter cigarettes, cartouches et liquides et constituer ce « dossier » ? Et certaines marques se trouvent en vente dans Paris intra-muros. Mais c’est vrai que l’Afssaps se trouve à Saint Denis et que Paris c’est peut être loin…au moins deux ou trois stations de métro…
(2) nous avons besoin d’examiner et d’évaluer ces dossier et dans l’attente donc: attention
– Voilà un point sur lequel nous somme entièrement d’accords, le besoin d’examiner et évaluer ces dossiers quel que soit le sens que l’on donne au mot « dossier ».
(3) j’espère que nous pourrons quand même avoir une première idée peut être avant la fin de l’année (ndlr:2008)
– Voilà une première promesse qui avait en son temps soulevé notre enthousiasme. Evidemment le « j’espère » est à prendre en compte, mais si l’on peut comprendre que l’Afssaps n’ait pu tenir un délai de six mois pour avoir « une première idée » comme annoncé, ce sont désormais plus de douze mois qui se sont écoulés depuis…
(4) De toutes façons s’il y avait la moindre préoccupation nous le ferions savoir.
– Doit-on prendre cette autre affirmation au mot ? Cela signifierait en clair que bien que l’Afssaps examine et évalue ce dossier depuis un an (et même plus puisqu’elle affirme dès le 7 juillet 2008, » avoir effectué une première analyse des risques potentiels ») il n’y aurait eu aucune préoccupation puisqu’on ne nous à rien dit. Je sais bien qu’une autre Anne répète à qui veut l’entendre « on ne nous dit pas tout ! ».
Je tiens à préciser que ni la personne, ni les compétences, de la responsable de l’évaluation des médicaments sont en cause. Ma colère vient de cette priorité que l’administration donne trop souvent à la communication sans trop se soucier du suivi. Mais la pression des médias n’est pas étrangère non plus à ce détournement de la mission première de l’administration.
Comment donc interpréter ce silence d’un an après ce fameux communiqué du 7 juillet ?
Les optimistes se réjouiront en se disant « ils n’ont rien trouvé de bien mauvais dans la cigarette électronique » (sinon on nous l’aurait dit comme promis).
Les pessimistes penseront au contraire que même si le dossier n’est pas mauvais, on va vers l’interdiction , la cigarette électronique dérange de grands intérêts à commencer par ceux des laboratoires et des marchands de cigarette (dont on connaît la puissance des lobbying de l’un comme de l’autre) et que toute la question tourne désormais sur les arguments justes ou faux permettant de prendre cette décision. A ce titre le fait que ce dossier ait été confié aux personnes responsables de « l’évaluation des médicaments » n’est pas encourageant.
Pour notre part nous souhaitons que l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, en qui nous renouvelons notre confiance, se souvienne qu’un jour de juillet 2008 elle a émis ce communiqué et que celui-ci est resté orphelin. Il est grand temps de penser aux centaines voir milliers de consommateurs de cigarette électronique à qui l’on doit ne serait-ce qu’un début de vérité et ceci en toute indépendance et sur des seules bases scientifiques.
Seul « remède » (à l’efficacité prouvée et sans contre-indication) à ma « colère » !
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