Fondé en 2007 par James Monsees et Adam Bowen, étudiants de l’université de Stanford, Juul Labs Inc. rencontre un succès fulgurant aux USA depuis bientôt un an grâce à son pod, et le moins que l’on puisse dire est que cette ascension dérange.
La Juul au centre de toutes les attentions
Le “Juuling”, terme inventé par les médias américains pour parler des adolescents vapoteurs, fait énormément de tort à la marque puisqu’elle se retrouve accusée de créer des produits à destination des plus jeunes.
Mi-avril 2018, la saga continuait avec l’envoi d’une lettre à la FDA de la part de diverses associations qui demandaient alors à l’administration américaine de prendre des mesures contre la marque afin de “restreindre l’utilisation de ses produits par les jeunes”. Quelques jours plus tard, une enquête réalisée par Citigroup désignait la marque Juul comme étant la responsable des problèmes financiers actuellement rencontrés par plusieurs entreprises de Big Tobacco.
La FDA s’est emparée du problème
Aujourd’hui, la demande semble avoir été entendue puisque la FDA a récemment publié une déclaration annonçant d’importantes mesures contre l’utilisation d’ENDS (Electronic Nicotine Delivery System) par les jeunes, et particulièrement concernant ceux de la marque Juul. Dans cette déclaration, la FDA réitère une nouvelle fois son affirmation selon laquelle la nicotine aurait un effet particulièrement négatif sur la “chimie” du cerveau des adolescents qui pourrait alors s’en trouver altérée.
Voici les principaux points cités dans cette déclaration :
o La FDA dit avoir envoyé une quarantaine de lettres d’avertissement à autant de points de vente qui auraient été pris en flagrant délit de vente à des mineurs lors d’une vaste opération d’infiltration lancée depuis le mois de mars. La FDA en profite pour annoncer qu’elle a, ces dernières années, déjà rédigé 70 350 lettres de ce genre à destination des détaillants, dont 17 000 ont conduit à des amendes.
o L’agence va lancer de nouvelles recherches concernant l’attrait qu’aurait la marque Juul auprès des plus jeunes. La FDA précise également avoir directement envoyé une lettre à la marque afin de lui demander “les documents liés à la commercialisation des produits ; la recherche sur les effets des produits sur la santé, la toxicologie, le comportement ou les effets physiologiques des produits, y compris l’initiation et l’utilisation par les jeunes ; si certaines caractéristiques, ingrédients ou spécifications du produit plaisent à différents groupes d’âge ; et les événements indésirables liés aux jeunes et les plaintes des consommateurs associées aux produits”.
o L’administration américaine est également entrée en contact avec plusieurs sites de vente en ligne, et notamment eBay, afin de leur demander de retirer de la vente les produits de la marque Juul.
Vers un durcissement de la réglementation ?
Scott Gottlieb, commissaire de la FDA, déclare que “ces mesures ne sont que les premières d’une série d’efforts que nous poursuivons dans le cadre de notre nouveau plan de prévention du tabagisme chez les jeunes”. La FDA annoncera d’autres mesures dans les semaines et les mois à venir. Scott Gottlieb espère que ces mesures enverront un message clair à tous les fabricants et détaillants de produits du tabac et que la FDA s’attaquera à ce problème de toute urgence. Il met en garde et menace : “Si des enfants affluent vers votre produit ou si vous vendez illégalement ces produits à des enfants, alors vous apparaîtrez très rapidement sur le radar de l’agence.” La FDA explore également des mesures claires et significatives pour rendre les produits du tabac moins toxiques, attrayants et addictifs, en mettant l’accent sur les jeunes. Scott Gottlieb précise : “dans le cadre de notre plan global, nous avons l’intention d’établir des normes de produits et d’autres règlements pour les systèmes électroniques d’administration de nicotine, comme les cigarettes électroniques, afin de répondre aux dangers et aux préoccupations connus, y compris l’explosion des piles et l’ingestion accidentelle”.
Enfin, Scott Gottlieb ne veut pas faire d’amalgame. Il veut éviter les méprises et déclare voir “les possibilités qu’offrent les ENDS tels que les e-cigarettes et d’autres nouvelles formes de distribution de nicotine, afin de fournir une alternative potentiellement moins nocive pour les fumeurs adultes actuellement dépendants et qui voudraient toujours avoir accès à des niveaux satisfaisants de nicotine sans les nombreux effets nocifs qui accompagnent la combustion du tabac. Mais nous devons intervenir pour protéger nos enfants.” Quelques lignes qui laissent entrevoir d’énormes changements dans la réglementation de la cigarette électronique aux USA dans les semaines et mois à venir.
Juul a compris le message
Suite à la lettre de la FDA reçue par Juul, l’entreprise ne semble pas décidée à lutter contre, mais plutôt aller dans son sens. En effet, fin avril 2018, l’entreprise a déclaré qu’elle dépenserait 30 millions de dollars afin de soutenir l’initiative de l’administration américaine et de différents États du pays dans l’application de l’ordonnance Tobacco 21, visant à relever l’âge minimum légal permettant d’acheter des produits du tabac de 18 à 21 ans.
Début juin, Juul a annoncé le démarrage d’une vaste campagne publique de prévention visant à mieux informer les parents sur leurs produits ainsi que sur les risques encourus par les plus jeunes qui les utilisent. Kevin Burns, PDG de Juul Labs, expliquait notamment que : “Cette campagne s’appuie sur nos efforts continus de sensibilisation et de lutte contre l’utilisation de nos produits par les adolescents. Nous croyons que le fait de fournir des informations transparentes et factuelles aux parents aidera à conserver le Juul loin des mains des plus jeunes. (…) Bien que nous demeurions fermes dans notre engagement à aider les fumeurs adultes qui veulent se passer des cigarettes combustibles, nous voulons aussi faire partie de la solution qui vise à dissuader les mineurs d’essayer”.
Cette campagne est la première phase d’un investissement de 30 millions de dollars sur trois ans dans “la lutte contre l’utilisation des produits de la marque par des mineurs par le biais de recherches indépendantes, l’éducation des jeunes et des parents ainsi que l’engagement communautaire”, a ajouté la société. L’entreprise a également profité de cette annonce afin de faire savoir qu’elle offrait 10 000 $ aux écoles afin de pouvoir faire réaliser différents cours sur la prévention du tabagisme.